BONTOUX SA – Vendredi 29 juin 2012

La Journée  du 29 juin chez BONTOUX SA s’est très bien déroulée avec la participation de 34 membres et de 4 invités.

L’accueil de la société Bontoux a été très convivial et les conférences de l’après-midi ont été d’un excellent niveau scientifique.
Programme de la journée: Lien vers le programme de la Journée chez Bontoux  SA
Liste des participants Accès privé. Nous contacter

Interventions:  

Aurélie GOMME (France Agrimer), retour d’expérience Francis GALLO (Chef d’atelier de distillation Bontoux SA)
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Laurent LEGENDRE (Écologie Microbienne, CNRS UMR 5557, Université de Lyon 1, Villeurbanne, 69622 Lyon)
Résumé de la présentation du Pr Laurent Legendre :

Le sclaréol est un diterpène d’intérêt industriel. La sauge sclarée représente une des principales sources durables de sclaréol. L’absence d’étude scientifique sur les mécanismes de production du sclaréol par cette plante complique cependant les efforts d’amélioration de sa production tant au niveau agronomique qu’industriel. Nous avons, dans un premier temps, confirmé que le sclaréol est synthétisé, et s’accumule, principalement à la surface de poils glandulaires sécréteurs densément présents à la face externe du calice (membrane verte en forme de coupe entourant la fleur), et, de manière moins dense sur les autres pièces florales. Le dessèchement des inflorescences provoque une cristallisation du sclaréol à la surface des calices d’où il peut alors se détacher lors de chocs mécaniques. Après avoir établi la plus grande base de connaissance génomique sur un membre de la famille des Labiées, les gènes responsables des étapes clés de la biosynthèse du sclaréol ont été caractérisés fonctionnellement. Le sclaréol est synthétisé en deux étapes à partir du géranylgéranyl diphosphate, le précurseur biosynthétique universel des diterpènes de plantes. Les deux enzymes catalysant ces réactions appartiennent à deux classes différentes de Terpène Synthases qui se différentient par leurs mécanismes catalytiques. Elles sont toutes les deux co-présentes dans un type particulier d’organite cellulaire, le plaste. La première (SsLPPS) est responsable de la formation du squelette carboné et de la l’ajout du C8-OH. La deuxième (SsSS) est responsable de l’ajout du C13-OH. Ensembles, ces deux enzymes synthétisent majoritairement du sclaréol et de faibles quantités de manool et oxydes de manoyle, des substances également présentes dans l’huile essentielle de sauge sclarée. Finalement, nous avons comparé les teneurs en sclaréol de 43 populations de sauge sclarée récoltées par le CNPMAI et cultivées par l’ITEIPMAI sur leur station agronomique de La Vesc. Ces teneurs ne corrélaient pas avec les niveaux de pigmentation des inflorescences et les degrés de précocité des populations. La variété VS2 proposée à la vente par l’ITEIPMAI avait une des plus fortes teneurs en sclaréol. Tous ces résultats génèrent une meilleure compréhension des mécanismes biochimiques et physiologiques de la production de sclaréol par la sauge sclarée. Ils vont accélérer les efforts actuels d’amélioration variétale et d’optimisation des processus industriels de production.

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Rémi LAVILLE (Institut de Chimie de Nice, UMR 7272, Université de Nice-Sophia Antipolis, Parc Valrose, 06108 Nice cedex 2)
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Denis BELLENOT (Institut Technique Interprofessionnel des plantes à Parfum, Médicinales et Aromatiques)
Résumé de la présentation de Denis BELLENOT

Les alcaloïdes pyrrolizidiniques (AP) sont des molécules azotées présentes dans quelques familles botaniques seulement: les Borraginacées (tous les genres étudiés), les Astéracées (sous-familles des Senecionae et des Inuliniideae) et les fabacées (genre Crotalaria). Les quelques centaines de molécules décrites à ce jour ont en commun une base nécine, dialcool estérifié par un monoacide ou deux monoacides ou par un diacide. La base nécine peut être insaturée en 1,3 (rétronécine, héliotridine, ou otonécine) ou pas. L’azote est souvent sous forme de N-Oxyde. Seuls les AP 1,3 insaturés sont réputés toxiques chez les vertébrés. La littérature rapporte de nombreux cas d’intoxication mortelle chez le bétail, en particulier les chevaux et quelques cas chez l’homme. Evaluée à partir des cas mortels connus, la toxicité aigüe est de l’ordre du mg par kg de poids corporel et par jour et la toxicité à long terme serait de l’ordre de 15 mg par kg de poids corporel et par jour sur une période de six mois. La toxicité des AP est très variable : par exemple la sénécionine serait 30 fois plus toxique que la lycopsamine.

Certains insectes consomment ces alcaloïdes sans paraître incommodés. C’est le cas des chenilles de papillons de la famille des arctiidés dont les couleurs voyantes servent d’avertisseurs aux prédateurs. C’est le cas en France de Tyria jacobaeae dont la chenille rayée de jaune et noir se nourrit de séneçon (Senecio jacobeae et Senecio vulgaris). Dans quelques cas, il a été montré que les AP sont transformés en phéromones par le papillon. C’est le cas, par exemple,  du mâle de Estigmene acrea qui, pour pouvoir s’accoupler, doit émettre de l’hydroxydanaidal (dérivé de la rétronécine) en s’approchant de la femelle.

La bibliographie décrit deux stratégies analytiques : soit un dosage individuel des alcaloïdes (après concentration, caractérisation et quantification par méthodes chromatographiques couplées à la spectrométrie de masse) soit un dosage des bases nécines après hydrolyse. Les méthodes les plus performantes permettent de détecter 1 µg/kg.

Dans une étude récente (2011) portant sur plus de deux mille lots de miel de toutes origines géographiques, 32 % des échantillons seulement étaient sous le seuil de détection (1µg/kg) et 18 % présentaient des teneurs supérieures à 50µg/kg. Les valeurs les plus élevées sont de l’ordre du mg/kg. La lycopsamine et son N-Oxyde sont présents dans 60% des échantillons positifs. L’étude de ces miels (composition en AP et pollen), a permis d’identifier les végétaux à l’origine de ces contaminations. En Europe, c’est principalement en butinant les fleurs de vipérine (Echium vulgare) que les abeilles ramènent des AP dans leur ruche par l’intermédiaire du pollen.

Si les intoxications massives lors de la consommation de miel semblent peu probables, en revanche, la consommation sur le long terme de grandes quantité de miels fortement contaminés pourrait provoquer des intoxications chroniques.

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